︎︎︎ Camille
Peyré ︎︎︎



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CP/ 2024

︎︎︎Une prière, CIRCON(ré)VOLUTION︎︎︎ 

Installation in situ, modelage, dessins et images imprimées, chez POELP


Une prière est une installation in-situ réalisée lors d’une résidence d’un mois au centre d’Art POELP. Ce projet s’inspire d'une citation de l'anthropologue anarchiste David Graeber, qui compare la finance à un "nouveau dieu païen omniscient". Cette réflexion a conduit à la création d’une chapelle qui détourne les codes traditionnels des lieux religieux, en offrant un espace à la fois théâtral et symbolique. Pensée avec des dynamiques d’urgence, cette chapelle pour un dieu fané fait face à la perte des couleurs de nos sociétés due à l'uniformisation croissante des biens produits.

Les colonnades, réalisées à grande échelle avec des allumettes en bois et pâte à sel (d’environ 2 mètres de haut), rappellent celles des chapelles, mais leur caractère inflammable, en plus de leur accessibilité, évoquent des objets communs et l’urgence du message. Les chandelles, faites en pâte à pain, font référence à l’histoire des révoltes liées aux pénuries alimentaires, notamment celles causées par les luttes pour le blé. Elles sont également teintées de bleu outremer, couleur associée au commerce mondial et aux dynamiques économiques globales. La tenture en papier bulle injectée de gouache, réalisée à la main, évoque la mondialisation et ses effets omniprésents sur notre quotidien. Un autre symbole récurrent dans l’installation est celui de la maison qui brûle, inspiré par David Worjanovich et Donald Rodney. Ce motif simple renvoie à la destruction et à la transformation, est traité avec une certaine ironie, le rendant à la fois universel et presque humoristique.

Les mots occupent une place centrale dans cette installation, notamment avec les ex voto qui évoquent les variations du terme « plutonomie » . Certaines allumettes sont également inscrites de phrases reprise des chanson du groupe ”the crass”, et au sol, au centre de l'œuvre, sous un gisant, des corps dessinés au scotch tiennent une pancarte portant la phrase principale : « We are not a burden to each other », empruntée au duo d'artistes britanniques « The Alternative School of Economics ». Ces mots et ces phrases jouent sur le paradoxe, entre le slogan de manifestation et la publicité. La citation devient la clé de compréhension de l'installation, en offrant une perspective pour déchiffrer son message.

Une prière crée un espace dissident, en confrontant des symboles religieux et des éléments du quotidien pour interroger les structures de pouvoir et la mondialisation. Par son utilisation de l’humour et du détournement, l’installation met en lumière la fragilité des systèmes en place et les mécanismes économiques qui les soutiennent, tout en provoquant une réflexion sur leur impact sur la société et l’individu.



PRESS
Vues d’exposition octobre 2024, POELP, Bruxelles.