CP/ 2023
︎︎︎Sel sal︎︎︎
Film en couleur filmée en 4K de 12 minutes, Cap-Vert(- I have got salt on my fingers !
- This is what happen ifyou get to the dead
see.
- Water, I need some water !
- My friend Jenie said that’s exactly what
happened to her.
- Did we decide ?
- O yeah it’s included in the price.)
Dans un paysage désertique bien connu des voyagistes, des touristes européens en vacances “all inclusive” découvrent le site touristique majeur de ce pays africain : un lac salé. Ces groupes sont dans une situation de passivité choisie et sans interactions spontanées avec leur lieu de vacances. Ils restent ensemble selon la langue qu’ils parlent, ne choisissent ni les activités qu’ils vont faire ni les lieux qu’ils vont visiter : L’hôtel décide pour eux.

Ce film s’intéresse à la manière dont le tourisme fonctionne comme une industrie commerciale profondément liée au colonialisme. L’objectif était d’en souligner l’absurdité en développant un dispositif narratif qui interroge son rapport à l’exotisme et aux imaginaires hérités de l’histoire coloniale.
Pour cela, le tournage s’est déroulé sur un site touristique particulier : une ancienne mine de sel située au Cap vert. Pendant trois jours, j’ai filmé les touristes, capturant leurs déplacements et leurs interactions avec le lieu. Chaque soir, de retour à mon hôtel, je réécrivais les scènes en fonction des images tournées dans la journée. L’idée était de structurer une narration simple mais percutante, qui mette en lumière le caractère absurde du tourisme.
Un élément central de ce travail a été le traitement des personnages. Plutôt que de me limiter à un regard purement documentaire, j’ai cherché à donner aux touristes une dimension fictionnelle, en les transformant en personnages récurrents et reconnaissables. À travers le comique de répétition et un point de vue humoristique, j’ai détourné la critique du simple comportement des touristes pour l’orienter vers le système qui les façonne. Cette approche me tenait particulièrement à cœur, car il était essentiel de ne pas condamner ces voyageurs, clients du tourisme low-cost, qui sont eux aussi des produits de cette industrie. Je voulais les filmer avec respect, en soignant les cadrages et en les intégrant dans un univers visuel riche, et empathique comme un decors fantasmé.
L’esthétique du film s’inspire largement des vidéos publicitaires qui vendent une aventure dépaysante et exotique. J’ai travaillé les plans comme des images de cartes postales, jouant sur les codes du tourisme pour mieux les détourner. Ce choix visuel était essentiel pour interroger notre perception des paysages et des récits que l’industrie touristique construit autour d’eux. Ce film cherche avant tout à poser un regard critique et décalé sur le tourisme contemporain, en questionnant ses mécanismes et ses imaginaires avec une approche cinématographique à la fois ludique et engagée.




